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LA TRANSMISSION

Il se passe quelque-chose… Il se passe quelque-chose lors des répétitions de notre Orchestre. Cette chose est apparue presque à notre insu, lors des dix années de création qui nous ont été offertes au théâtre. Au début, j’étais seul à diriger, écrire et proposer ce qui allait former notre drôle de répertoire.
Chaque projet demandant sa musique propre, nous avons très vite éliminé la question du genre des œuvres, et par là-même la question de leur difficulté d’exécution. Je n’ai donc jamais décidé qu’un morceau était trop difficile à jouer pour nos amateurs et amatrices de musique, j’ai travaillé pour que tout le monde trouve sa place dans chaque partition, en adaptant les parties spécifiquement aux différents instrumentistes en fonction de leur niveau technique et/ou de leur personnalité.
Je me suis ensuite aperçu, au rythme des « progrès » de l’orchestre, que c’était une erreur. En laissant des « difficultés » dans les partitions, j’ai pu assister à cette chose merveilleuse qu’est le partage des savoirs et nous en mesurons toujours les bienfaits ; Orane, notre corniste chevronnée, guide Mona (11 ans) dans le parcours du Cor dans les hymnes. Pour L’Œil et l’oreille et l’exigeante musique de Nino Rota, j’ai « traduit » les parties de violon alto pour des saxophones alto et j’ai pu voir les progrès incroyables de Vivien (qui avait délaissé son instrument après des années d’études au conservatoire) au côté de Bryann. Je pourrais continuer sans fin cette liste d’exemples.
Cette façon de procéder nous permet d’attaquer un répertoire toujours plus exigeant sans pour autant laisser sur le côté des musiciens et musiciennes n’ayant pas « le niveau ». La répétition est ce moment de travail où toutes les erreurs sont permises, il est toujours temps d’ajuster au moment des représentations ce qui est jouable ou ne l’est pas. Sans perdre en exigence artistique, nous gagnons un Orchestre en « progrès » constant. Avec le projet des Hymnes en jeux, nous avons décidé de partager ce mode de fonctionnement en ouvrant l’Orchestre et ce répertoire en construction à tout musicien ou musicienne « autonome » avec son instrument, sans audition préalable ou autre critère de niveau technique.
Cette aventure permet aux membres du groupe « historique » qui n’ont pas d’autre métier que la musique, d’exercer leur compétence de transmissions, d’enseignement, de direction et d’arrangement.
Je parle de groupe « historique », parce que nous avons maintenant une « histoire » commune. Et cette histoire a été rendu possible par le temps qui nous a été offert avec les moyens humains, financiers et techniques du Nouveau théâtre de Montreuil sans aucun souci ni d’économie, ni de rentabilité.

Sylvain Cartigny